Rite Ecossais Ancien et Accepté
Rappels historiques
Quelques dates :
1646 |
Elias Ashmole est initié le 16 octobre (son journa indique « I was made a Free Mason at Warrington in Lancashire »). |
1717 |
Quatre Loges londoniennes se constituent en Grande Loge : « Grande Loge de Londres » qui deviendra « Grande Loge d’Angleterre » en 1736 |
1723 |
Publication à Londres des « Constitutions des Francs-Maçons » du Pasteur James Anderson (également appelé « Livre des Constitutions » ) Première traduction française en 1742 par Louis François de La Tierce dans son ouvrage « Histoire des Francs-Maçons » |
1728 |
Des Loges parisiennes, assemblées en Grande Loge, choisissent Philippe, duc de Wharton, comme Grand Maître des Francs-Maçons en France (il fut Grand Maître de la Grande Loge de Londres de juin 1722 à juin 1723) |
1730 |
Samuel Prichard, ancien maçon, mais aussi adversaire résolu de la maçonnerie dévoile les « secrets » de la maçonnerie. Dès lors, la place des colonnes du Temple est modifiée et les « mots » des maçons sont modifiés. |
1736 |
Discours du Chevalier de Ramsay (André-Michel de Ramsay fut le secrétaire de l'archevêque de Cambrai).
Deux versions existent. La première a sans doute été prononcée par Ramsay au sein de sa propre Loge (« Saint-Thomas » vraisemblablement) le 26 décembre 1736.
La seconde aurait été prononcée en Grande Loge le 24 mars 1737 mais il est peu propable que cette Grande Loge se soit effectivement réunie (le roi Louis XV désapprouvant les assemblées de francs-maçons). |
1738 |
ou 1740 Louis de Pardaillan de Gondrin, deuxième duc d'Antin, est élu « Grand Maître général et perpétuel des maçons dans le royaume de France ». |
1740 |
Apparraissent à cette époque en France les hauts grades, appelés « écossais » (le terme ne désignera des rites particuliers que plus tard). Ils proviendraient du milieu des stuartistes, majoritairement écoassais, réfugiés à la fin du XVIIe siècle à Saint-Germain-en-Laye.
Une Loge écossaise désignera ensuite une Loge pratiquant le système en trois degrés symboliques mais dans laquelle de nombreux Frères possèdent un degré supérieur à celui de Maître et sont revêtus de décors distinctifs.
Dans le sud de la France et tout particulièrement à Bordeaux se développe à la même époque une « Maçonnerie de Perfection », système Écossais, d’abord en sept grades, puis dix grades : Apprenti, Compagnon, Maître, Maître Secret, Parfait Maçon, Maître par curiosité, Maître Prévôt et Juge (autre version du grade de Maître Irlandais), Intendant des Bâtiments, Maître Elu et Grand et Vrai Écossais. Le système est rapidement porté à quatorze grades. |
1743 |
Le 11 décembre 1743, à la suite du décès du duc d'Antin, Louis de Bourbon-Condé, comte de Clermont, est élu par une assemblée de seize maîtres « Grand Maître de toutes les Loges régulières de France ».
Le même jour, sont adoptées des « ordonnances générales » en vingt articles dont le dernier mentionne pour la première fois l'existence en France d'un grade se présentant comme supérieur aux trois premiers, pour le condamner en ces termes : « Comme on apprend que depuis peu quelques frères s'annoncent sous le nom de maitres Ecossois, et forment dans Les Loges particulières des prétentions et exigent des prorogatives dont on ne trouve aucune trace dans les anciennes archives et coutumes des Loges repanduës sur la surface de la terre ; La Gde Loge a determiné affin de conserver l'union et la bonne harmonie qui doit regner entre les F M. qu'à moins que ces maitres Ecossois ne soyent officiers de La Gde Loge, ou de quelque Loge particuliere, ils ne seront considerés par les freres que comme les autres apprentifs et compagnons, dont ils doivent porter l'habillement sans aucune marque de distinction quelconque. »
En ce qui concerne le quatrième grade, cette Grande Loge se trompait, puisque les historiens ont démontré depuis qu'il ne provenait pas d'Écosse où il était inconnu, mais, comme le troisième apparu peu avant lui, d'Angleterre où il était connu sous les noms de « Scotch Mason », « Scots Master Mason » et « Scots Master » vers 1733.
Au cours des années suivantes, de très nombreux autres hauts grades maçonniques dits « écossais » sont créés, en France pour la plupart, et rencontrent un grand succès, en particulier à Bordeaux, Lyon et Marseille. La Grande Loge de France ne contribue pas à ce développement mais elle finit par le reconnaître, puisque ses règlements du 4 juillet 1755 concèdent différents privilèges aux titulaires du grade de « Maître écossais ».
Reconnaissance de la Grande Loge d'Angleterre. |
1744 |
On compte une quarantaine de Loges (44) appartenant à l'Ordre maçonnique français dont la moitié implantée à Paris. Elles seront 122 en 1762 et 629 en 1789.
La police parisienne renouvelle l'interdiction des réunions maçonniques dans les cabarets ou tavernes. |
1750 |
Grades reconnus (10) : Apprenti, Compagnon, Maître (grades symboliques), Maître Secret, Maître Parfait, Secrétaire Intime ou Maître par Curiosité, Prévôt et Juge ou Maître Irlandais, Intendant des Bâtiments et Maître Anglais, Maître Elu, Maître Elu Parfait ou Grand Ecossais (grades écossais). |
1753 |
Création d'une « Grande Loge des Anciens », rivale de celle constituée en 1717, dont la première activité est attestée le 17 juillet 1751 à Londres. Elle est placée sous l'autorité de l'irlandais Laurence Dermott, Grand Secrétaire.
Cette initiative est à porter au crédit de huit maçons irlandais dont sept appartenait à la Grande Loge d'Irlande. Sur les cent premiers membres de la Grande Loge des Anciens, soixante-douze étaint d'origine irlandaise.
Leur objectif est de rétablir les « Vieilles Institutions », suite aux modifications effectuées par les « Modernes » après la publication de Samuel Prichard en 1730. |
1756 |
La dénomination « Grande Loge de France » apparait pour la première fois dans les constitutions de la Loge Lyonnaise « La Parfaite Amitié ».
La Grande Loge de France ne déclare reconnaître que les trois grades de la Maçonnerie de Saint-Jean. Son Grand Maître est nommé à vie. |
1766 |
Conclusion d'un concordat entre la Grande Loge de France et la Grande Loge d'Angleterre. |
1767 |
Les assemblées maçonniques sont interdites par Louis XV. La Grande Loge de France suspend ses activités. |
1772 |
La Grande Loge de France devient Nationale. |
1773 |
La Grande Loge Nationale se transforme en Grand Orient de France. |
1785 |
Adoption par le Grand Orient de France des rituels déterminant le rite moderne (ou français) en sept grades (3 degrés symboliques et 4 ordres supérieurs). |
1787 |
La France compte plus de 700 Loges et plus de 70 000 initiés. |
1804 |
Création en France d'un Suprême Conseil du 33ème degré et d'une Grande Loge Générale Ecossaise. |
1805 |
Joseph Bonaparte, le Frère de l'Empereur, est nommé Grand Maître du Grand Orient de France. |
1813 |
Union de la Grande Loge des Anciens avec la Grande Loge d'Angleterre. |
L'Ecosse n'a pris aucune part dans le développement de grades ou de Rites dits « Ecossais ». Robert Lindsay, qui fut Grand Secrétaire Général du Suprême Conseil d'Ecosse, écrivit en 1961 :
« L'Ecosse n'étant pas le berceau ni des grades du rite, ni du rite [écossais ancien et accepté] en tant que système, d'où vient que ce dernier ait été qualifié « d'Ecossais » ? La réponse est que vingt-cinq de ses grades ont été empruntés à un type français de Maçonnerie des « Hauts Grades » beaucoup plus ancien, apparu seulement en France au milieu du XVIIIe siècle et qui, à sa naissance, invoqua son antiquité pour justifier ses prétentions, que la Maçonnerie spéculative de France, vieille seulement d’une quinzaine d’années, ne pouvait elle-même justifier.
Conséquemment, il fut prétendu que ces hauts-grades étaient parvenus en France par l’Écosse, ce pourquoi ils furent dénommés familièrement « écossais ». Les huit autres grades du rite, qui lui ont été incorporés dans l’hémisphère occidental, furent tirés de sources variées, toutes familières en cette région, et comme ceux qui élaborèrent le rite les jugeaient convenables pour y figurer à côté des vingt-cinq grades écossais français, sans nuire à la ligne générale de l’ensemble, ce dernier fut étiqueté pour indiquer le type de sa Maçonnerie. »
Selon Paul Naudon, les sources de l'Ecossissme se trouvent en France puis en Allemagne et en Amérique. Selon Roger Dachez, le mot "écossais" semble simplement traduire le fait que parmi les premiers maçons, en France autant qu'en Angleterre, le souvenir demeurait du rôle majeur joué par l'Ecosse dans la maturation finale du système maçonninque spéculatif.
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